Calculs rénaux : symptômes, comment savoir ?

Calculs rénaux : symptômes, comment savoir ?

Avoir des calculs rénaux est plutôt commun. Mais la douleur peut être si forte (les fameuses coliques néphrétiques) qu'elle impose une prise en charge médicale rapide.

Les calculs rénaux ne font pas souffrir quand ils restent dans le rein. C'est quand ils descendent dans les voies urinaires et bloquent alors le passage de l'urine que les douleurs arrivent.

Qu'est-ce qu'un calcul rénal ?

La lithiase rénale est le terme médical caractérisant la présence de calculs dans les reins. A ne pas confondre avec la lithiase urinaire (calculs dans la vessie ou l'urètre) ou la lithiase biliaire (calculs dans la vésicule biliaire). Les calculs rénaux sont des sortes de "cailloux" qui vont bloquer l'écoulement de l'urine des reins vers la vessie. Ce blocage provoque de violentes douleurs dans la région lombaire appelées "colique néphrétique". Les calculs du rein peuvent être de différentes natures :

  • Les plus fréquents sont constitués de calcium (oxalate de calcium, phosphate de calcium)
  • D'autres sont composés d'acide urique
  • De manière moins fréquente, les calculs de compositions très variés peuvent être secondaires à des maladies génétiques ou infectieuses.
Photo d'un calcul rénal
Photo d'un calcul rénal © New Africa -AdobeStock

Quels symptômes quand on a des calculs rénaux ?

En cas de fièvre, consultez en urgence.

La présence de calculs au niveau des reins n'est pas douloureuse, et de nombreuses personnes en sont porteurs sans le savoir. Parfois, le calcul se "décroche" spontanément du rein et va dans la voie urinaire qui relie le rein à la vessie. Lors de cette migration, le calcul se bloque dans le conduit, empêche l'écoulement de l'urine, provoquant la douleur de la colique néphrétique. "Cette douleur est très forte, dans une des parties latérales du ventre (région lombaire) et peut se projeter aussi vers le pubis" précise le Dr Cornière. "Il n'existe pas de position permettant de la calmer." Cette douleur peut s'accompagner de sang dans les urines (hématurie) allant d'une couleur orangée à rouge. L'intensité de la douleur fait généralement consulter rapidement un médecin voire un service d'urgences durant la nuit. Le Dr Cornière met en garde : "La présence d'une fièvre n'est pas habituelle, et doit amener à consulter en urgence un médecin, car elle peut être le signe d'une infection. Si vous n'urinez plus, il s'agit aussi d'une urgence. Parfois un seul rein est présent et le calcul l'empêche de fonctionner".

Cause : comment se forme un calcul rénal ?

La formation des calculs est liée à la présence d'une ou de plusieurs substances capables de cristalliser dans les urines combinée à  un environnement favorable lié à une particularité anatomique, à la présence de germes ou de corps étrangers ou encore à une alimentation inadaptée. Les facteurs favorisant les calculs sont multiples et diffèrent, rendant la recherche de la cause principale parfois difficile. "Un point important est de récupérer le calcul, qu'il sorte par les voies naturelles ou après chirurgie, afin de procéder à l'analyse de ses constituants. C'est une étape indispensable à la détermination de la cause", souligne le Dr Cornière.

La récidive est fréquente : 50% à 5 ans.

La déshydratation n'est pas une cause de calculs initiaux. Ainsi, comme le précise le Dr Cornière, "pour les personnes n'ayant jamais fait de calcul, augmenter les apports en boisson n'a pas de preuve d'efficacité, et n'est donc pas recommandé". En revanche, chez les personnes ayant déjà eu un calcul rénal, augmenter les apports en eau permet de diluer les urines, et donc diminuer le risque de récidive. On recommande alors généralement d'uriner plus de 2 litres par jour. La récidive est fréquente (50% à 5 ans), il est donc recommandé de réaliser à distance de la colique néphrétique, une enquête médicale à la recherche de la cause du calcul.

calculs rénaux
Calculs dans les reins © freshidea - stock.adobe.com

L'alimentation peut-elle favoriser les calculs rénaux ?

"Tout dépend du type de calcul. Certains nécessitent un retour à un régime équilibré, quand d'autres, plus rares et souvent secondaires à une maladie génétique, nécessitent une prise en charge diététique poussée", précise le Dr Cornière. Les grandes "erreurs" diététiques le plus souvent constatées sont :

  • exclure les produits laitiers
  • manger trop de protéines animales et/ou de sel,
  • les régimes pour perdre du poids qui déstructurent complètement les apports alimentaires.

Quelles sont les personnes à risque de calculs ?

La lithiase rénale est liée à de multiples causes, avec chacune des facteurs de risques différents. "Cela va de la maladie génétique rare, comme l'hyperoxalurie primitive, à la maladie plus fréquente, dont la lithiase rénale est un symptôme, comme l'hyperparathyroïdie primitive par exemple" explique le Dr Cornière. Certaines anomalies morphologiques, par la stagnation de l'urine, favorisent la formation des calculs. Par exemple, le rein en fer à cheval (variation anatomique où les deux reins sont fusionnés par un des côtés), les reflux vésico-urétéral ou encore la maladie de Cacchi et Ricci. Ces anomalies sont détectées par la réalisation d'une image des reins et de la vessie.

Diagnostic : quels examens pour savoir si on a des calculs rénaux ?

Le diagnostic repose principalement sur l'examen par le médecin, notamment par votre description de la douleur et une analyse de l'urine par bandelette. Une échographie ou de plus en plus souvent un TDM des reins et voies urinaires sont fait rapidement (aux urgences ou dans les 48h). Dans tous les cas, on vous demandera de filtrer vos urines pour recueillir le calcul et ainsi en faire l'analyse. Ainsi, il faudra uriner dans un récipient, puis les filtrer (à l'aide d'un filtre en café en papier ou d'un ustensile chinois) jusqu'à l'évacuation du calcul.

"Les AINS sont très efficaces, mais contre-indiqués selon vos antécédents"

Quels sont les traitements quand on a des calculs rénaux ?

Pour la colique néphrétique, le traitement de la douleur repose sur la prise d'antalgiques (paracétamol, morphiniques) associée généralement à un AINS (anti inflammatoire non stéroïdien). "Les AINS sont très efficaces, mais sont parfois contre-indiqués selon vos antécédents, ou si vous avez une complication", précise le Dr Cornière. Parfois, selon les complications ou les caractéristiques du calcul, un traitement médical seul ne suffit pas. Vous serez alors adressé à un chirurgien urologue pour avis et compléter la prise en charge.

Quand se faire opérer ?

En cas de signes d'infection urinaire associée à un calcul, ou si vous n'avez qu'un seul rein, un traitement chirurgical en urgence sera entrepris. Il consistera à permettre l'évacuation des urines soit par voie naturelle, avec la mise en place d'une sonde le plus souvent entre les reins et la vessie, soit par la mise en place d'une sonde reliant le rein directement à la peau (néphrostomie). En dehors de la colique néphrétique, le traitement du calcul peut faire appel à une technique chirurgicale. Le choix de la technique dépendra du type de calcul, de sa taille, de sa location et du nombres de calculs. Certaines techniques nécessitent une anesthésie soit loco-régionale soit générale. Les principales techniques sont :

  • La lithotritie extracorporelle (LEC), qui consiste par un appareil envoyant des ondes de choc à fragmenter le calcul pour permettre son évacuation.
  • L'urétéroscopie ou urétérorenoscopie, qui consiste en passant par les voies naturelles, à introduire un endoscope (urétoscope) pour fragmenter puis procéder à l'ablation des calculs.
  • La néphrolithotomie percutanée, qui consiste à ponctionner avec une aiguille fine les cavités rénales, en passant soit par le dos soit par le côté, puis à créer un tunnel afin d'introduire un néphroscope pour traiter les calculs.
  • La chirurgie conventionnelle dite à ciel ouvert ou par coelioscopie, d'indication exceptionnelle.

Merci au Docteur Nicolas Cornière, néphrologue.