Pneumocoque : premiers symptômes, transmission et traitements

Le pneumocoque est une bactérie qui peut causer des maladies comme des pneumonies, des otites ou des sinusites, mais aussi des méningites qui nécessitent un traitement antibiotique d'urgence. Quels sont les symptômes d'une infection à pneumocoque ? Comment se transmet-elle et dans quels cas se faire vacciner ?

Pneumocoque : premiers symptômes, transmission et traitements
© Kateryna Kon - 123RF

Mardi 28 janvier 2020, les autorités de santé ont été alertées par l'Institut hospitalo-universitaire (IHU) de Marseille de plusieurs cas d'infection à pneumocoque chez des ouvriers travaillant dans un chantier navalSeize employés de la compagnie de rénovation de navires de croisière Norwegian Cruise Line ont été contaminés par une souche de pneumocoque. L'un d'entre eux se trouve toujours en réanimation. Une vaccination a été mise en place à partir du lundi 3 février 2020 pour "protéger près de 4 000 travailleurs potentiellement exposés sur le chantier naval de Marseille". Par ailleurs, plus de 3 000 masques anti-virus et de solutions hydro-alcooliques ont été distribués sur le chantier. L'Agence Régionale de Santé de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur tient à préciser qu'il n'y a "pas de risque d'épidémie de pneumocoque".

Définition : qu'est-ce que le pneumocoque ?

Pneumocoque pneumonie schema
Pneumonie due au pneumocoque © designua - 123RF

Les infections à pneumocoques sont dues à une bactérie appelée Streptococcus pneumoniae qui appartient au genre des streptocoques. Au total, on distingue aujourd'hui environ 90 types d'antigènes (molécules reconnues par des anticorps) du pneumocoque. Cette bactérie peut être présente au niveau de la bouche, du nez ou du pharynx chez des individus sans pour autant rendre malade : on estime que 5 à 25% de la population sont porteuses de cette bactérie sans présenter de symptômes. Mais chez certaines personnes, cette bactérie peut se déplacer dans l'organisme et être responsable de nombreuses maladies affectant :

  • le système pulmonaire, ce qui peut entraîner une pneumonie,
  • les oreilles, ce qui peut causer une otite moyenne aiguë, particulièrement chez l'enfant,
  • les sinus, ce qui peut provoquer une sinusite, particulièrement chez l'adulte,
  • les enveloppes du cerveau et la moelle épinière, ce qui peut entraîner une méningite,
  • le sang (bactériémie, septicémie)
  • plus rarement, le péritoine (enveloppe qui tapisse l'abdomen, le pelvis et les viscères), ce qui peut entraîner une péritonite. 

Les méningites sont la forme la plus grave de ces infections. 

Le pneumocoque est la première cause de mortalité bactérienne en France chez l'adulte.

Est-ce mortel ?

"Le pneumocoque est une bactérie à l'origine d'infections graves (pneumonies, méningites) et de décès fréquents (presque 3 fois plus que les accidents de voitures en France), en particulier chez les jeunes enfants et les personnes âgées", indique l'Institut Pasteur sur son site internet. Le pneumocoque est la première cause de mortalité bactérienne en France chez l'adulte (10 décès/100.000 habitants chaque année), selon les chiffres de 2019 de l'Observatoire des médicaments, dispositifs médicaux et innovations thérapeutiques. Par ailleurs, on estime que 10% des enfants atteints de méningite en décèdent

Personnes à risque

L'infection à pneumocoque affecte plus souvent :

  • les jeunes enfants
  • les personnes âgées
  • les personnes souffrant d'une maladie chronique comme un diabète, une pathologie pulmonaire ou cardiaque, un alcoolisme...
  • les personnes immunodéprimées (atteintes d'un cancer ou d'une infection par le VIH) ou qui suivent un traitement diminuant leurs défenses immunitaires. 

Contagion et transmission

Les pneumocoques sont contagieux et se transmettent d'humain à humain par des sécrétions (baisers, toux, éternuements, postillons, gouttes de salive infectée...) lors d'un contact direct, étroit et assez long (au moins d'une heure) avec la personne infectée par la bactérie ou porteuse du germe. Cette bactérie ne peut en aucun cas être transmise par l'eau ou par l'air. 

Symptômes

Les symptômes du pneumocoque sont variables en fonction du type d'infection que la bactérie entraîne :

  • En cas de pneumonie : fièvre importante (39-40°C), frissons, toux sèche ou qui rejette du mucus jaune ou rouille, essoufflement, douleur thoracique intense, souvent d'un seul côté, sensation de malaise général.
  • En cas d'otite : douleur à l'oreille, fièvre supérieure à 38°C, sensation d'avoir une oreille bouchée, baisse d'audition, bourdonnements, écoulement de sécrétions jaunâtres par le conduit de l'oreille...
  • En cas de sinusite : congestion nasale avec écoulement clair ou purulent, douleur et sensation de pesanteur sous les deux yeux, parfois des maux de tête diffus, fièvre et sensation de malaise...
  • En cas de méningite : maux de tête intenses, intolérance à la lumière et/ou au bruit, nausées, vomissements, raideur de la nuque, teint gris ou marbré, courbatures importantes, grande fatigue, somnolence, confusion mentale, paralysies oculaires, convulsions...
  • En cas de bactériémie ou septicémie : douleurs abdominales, nausées, vomissements, diarrhées, fièvre persistante, frissons, augmentation de la fréquence respiratoire, hypotension...

Diagnostic

L'interrogatoire clinique et l'auscultation orientent le médecin vers le diagnostic du type d'infection. En cas de suspicion d'une pneumonie, un bilan infectieux et une analyse bactériologique des sécrétions broncho-pulmonaires complètent le diagnostic. On peut aussi prélever les urines pour retrouver des signes d'infection de certaines bactéries.

En cas de suspicion de méningite, une consultation en urgence doit être faite auprès du médecin traitant ou des urgences. La présence d'un symptôme de complication peut nécessiter une prise en charge hospitalière avec la réalisation d'une ponction lombaire (prélèvement de liquide céphalo-rachidien). L'analyse de ce liquide en laboratoire (aspect, nombre et type de cellules, biochimie, examen bactériologique direct et culture) confirmera le diagnostic de la méningite et déterminera le germe en cause. Parallèlement, une prise de sang sera faite et mise en hémoculture, une méthode destinée à établir le diagnostic biologique et étiologique de la présence de micro organismes dans le sang. 

En cas de suspicion d'une bactériémie ou d'une septicémie, on réalise une prise de sang qui sera mise en hémoculture afin de déterminer la présence de bactéries infectieuses.

Traitement

Le traitement dépend du type d'infection : 

  • En cas de pneumonie : le traitement nécessite l'utilisation d'antibiotiques afin d'éliminer la bactérie responsable de l'infection. Généralement, on utilise en première intention l'amoxicilline, ou la spiramycine ou la pristinamycine. Si les symptômes ne s'améliorent pas au bout de quelques jours, le médecin pourra être amené à changer d'antibiotique. Pour atténuer la fièvre, le médecin peut prescrire du paracétamol.
  • En cas d'otite : le recours aux antibiotiques est nécessaire si l'enfant a moins de 2 ans et si l'otite est purulente et douloureuse. Le médecin prescrira alors de l'amoxicilline (en association avec l'acide clavulanique si les symptômes ne s'améliorent pas au bout de 4 jours ou si l'otite purulente est accompagnée d'une conjonctivite). Si l'otite est congestive et si l'enfant a plus de 2 ans, la prise d'antibiotiques n'est pas utile. Pour améliorer le confort de l'enfant, le médecin peut prescrire un antalgique-antipyrétique (traitement pour soulager la fièvre). 
  • En cas de sinusite : le traitement d'une sinusite bactérienne repose en sur l'utilisation de l'amoxicilline (antibiotique pris par voie orale) chez l'enfant et chez l'adulte. Si les symptômes ne s'améliorent pas au bout de 3-4 jours, l'amoxicilline doit être prise en association avec l'acide clavulanique, un bêta-lactamine
  • En cas de méningite : la méningite bactérienne exige un traitement antibiotique urgent. Le traitement est fait lors d'une hospitalisation. Le médecin met en place un premier traitement antibiotique en urgence après l'examen clinique, la prise de sang et la ponction lombaire, qui peut comporter plusieurs antibiotiques selon la sensibilité aux germes et à la résistance aux différents antibiotiques. Le traitement dure entre 1 et 3 semaines. 
  • En cas de bactériémie ou de septicémie : le traitement repose sur l'utilisation d'antibiotiques (oxacilline, cloxacilline, vancomycine...) dont le type et la durée dépendent de plusieurs paramètres (localisations secondaires, porte d'entrée du sepsis, antécédents médicaux du patient, éventuelles pathologies chroniques, évolution clinique et microbiologique, âge du patient, allergies, résultat de l'antibiogramme...). 

La vaccin est obligatoire pour les nourrissons nés à partir du 1er janvier 2018.

Vaccin contre le pneumocoque : Prévenar® ou Pneumovax®

Pour enrayer la progression de cette infection, il existe un vaccin contre le pneumocoque (vaccin qui protège contre 13 sérotypes VPC13 : Prévenar 13® ou vaccin qui protège contre 23 sérotypes VP23 : Pneumovax®). Ces vaccins sont pris en charge par l'Assurance maladie dans le cadre des recommandations inscrites au calendrier des vaccinations. Le vaccin pneumococcique est obligatoire dès l'âge de 2 ans chez tous les bébés nés à partir du 1er janvier 2018 selon le schéma vaccinal suivant :

Âge Injections
2 mois 1ère injection
4 mois 2e injection
11 mois Rappel

La vaccination est recommandée pour les personnes à risque élevé d'infections sévères à pneumocoque : les enfants de plus de 2 ans, adolescents et adultes immunodéprimés (atteints de drépanocytose majeure, de VIH, sous chimiothérapie, transplantés, traités par immunosuppresseur...) ou présentant une maladie chronique prédisposant à la survenue d'une infection à pneumocoque (insuffisance cardiaque, maladie du cœur, insuffisance respiratoire, bronchopneumopathie obstructive, emphysème, asthme sévère, mucoviscidose, insuffisance rénale, diabète, maladie chronique du foie..), les adultes de plus de 65 ans. 

Sources :

  • Dossier Infections à pneumocoque, Santé publique France. 
  • Vaccination-info-service.fr : Le vaccin contre méningites, pneumonies et septicémie à pneumocoque. 
  • Infections à Streptococcus pneumoniae, Observatoire des médicaments, des dispositifs médicaux et des innovations thérapeutiques de la Région Centre. 
  • Impact des saisons sur les infections à pneumocoques, Institut Pasteur, 22 janvier 2019.