Hormonothérapie et cancer : comment ça marche, pour qui ?

L'hormonothérapie est un traitement réservé aux cancers dont la croissance est stimulée par des hormones (cancers hormonodépendants) comme les cancers du sein ou de la prostate par exemple. Fonctionnement, forme, durée, effets secondaires : découverte.

Hormonothérapie et cancer : comment ça marche, pour qui ?
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Parmi les traitements du cancer, l'hormonothérapie. Soit la thérapie ou "traitements" par la prise d'hormones. Ce type de traitement est réservé aux cancers hormonodépendants (leur croissance est stimulée par des hormones). Par exemple, le cancer du sein chez la femme et le cancer de la prostate chez l'homme. Il permet de freiner ou de stopper le développement du cancer. Définition, principes et déroulé vec Marianne Duperray, directrice des recommandations et du médicament auprès de l'Institut national du cancer.

Quelle est la définition de l'hormonothérapie ?

Lorsqu'un cancer est hormonodépendant, cela signifie que les hormones sexuelles peuvent stimuler la croissance des cellules cancéreuses. "Un traitement par hormonothérapie a pour but de bloquer l'action stimulante de ces hormones, afin d'empêcher la prolifération des cellules cancéreuses. Par exemple pour le cancer du sein, selon ses caractéristiques et son stade, ce traitement vient à la suite d'une chirurgie, d'une chimiothérapie ou d'une radiothérapie", explique Marianne Duperray. Le plus souvent, cette thérapie est utilisée dans le cadre du cancer du sein. Elle peut aussi être employé pour d'autres cancers comme le cancer de la prostate chez l'homme.

Comment fonctionne l'hormonothérapie ?

Le but est d'empêcher l'action stimulantes des hormones sur les cellules cancéreuses, telle que les œstrogènes en cas de cancer du sein et la testostérone en cas de cancer de la prostate. "Pour le cancer du sein, il existe deux méthodes : soit éviter que les œstrogènes ne se lient aux récepteurs des cellules tumorales soit éviter la production d'œstrogène en agissant en amont de leur synthèse", précise Marianne Duperray. Pour le cancer de la prostate, l'hormonothérapie agit en bloquant la production de testostérone par les testicules. Les médicaments d'hormonothérapie peuvent être administrables en comprimés par voie orale ou sous forme liquide en injection intramusculaire ou sous-cutanée.

Quelles sont les indications en cas de cancer ?

La première condition pour bénéficier d'une hormonothérapie est que le cancer soit hormonosensible, c'est-à-dire qu'il possède des récepteurs hormonaux. Il s'agit de protéines situées à la surface de la cellule cancéreuse. Plus le taux de récepteurs est élevé plus la tumeur réagit à l'hormonothérapie. Environ 80% des cancers du sein sont hormonosensibles (les autres sont des cancers du sein HER2 ou triple négatif). 

→ En cas de cancer du sein infiltrant non métastatique hormonosensible, une hormonothérapie peut être proposée en complément de l'intervention chirurgicale. On parle d'hormonothérapie adjuvante. "Elle a pour objectifs de réduire le risque de récidive locale dans le sein opéré, de diminuer le risque d'atteinte au niveau de l'autre sein, de diminuer le risque d'avoir une évolution générale sous forme d'une métastase à distance", ajoute Marianne Duperray.

En cas de cancer hormonosensible présentant des métastases, une hormonothérapie peut être proposée seule ou associée à d'autres médicaments. L'objectif dans ce cas est de traiter ou de stabiliser l'évolution de la maladie et d'améliorer la qualité de vie. 

→ Dans d'autres situations moins fréquentes, une hormonothérapie peut être proposée avant la chirurgie. On parle d'hormonothérapie néoadjuvante.

Parmi les indications possibles chez les hommes, une hormonothérapie associée à une radiothérapie externe est le traitement de référence des cancers de la prostate localement avancés et une hormonothérapie de longue durée est le traitement de référence des cancers de la prostate métastatiques. Elle peut être proposée seule ou associée à un autre traitement.

Quelle est la durée de l'hormonothérapie ?

L'hormonothérapie est prescrite pour une durée d'au moins 5 ans en cas de cancer du sein et 3 ans en cas de cancer de la prostate. Parfois, pour ces derniers, dans certains cancers localisés à risque intermédiaire, une hormonothérapie de 6 mois maximum peut être proposée.

Quels sont les effets secondaires de l'hormonothérapie ?

Les effets secondaires diffèrent selon le type d'hormonothérapie prescrite. Le médecin prescripteur explique à chaque patient les effets secondaires possibles en fonction de son traitement. La plupart de ces effets sont réversibles à l'arrêt du traitement.

→ En cas de cancer du sein, les effets communs à ces traitements sont les bouffées de chaleur ou encore une sécheresse vaginale. Peuvent également survenir, une diminution de la densité osseuse (facteur de risque de l'ostéoporose), un dérèglement du cycle menstruel chez la femme non ménopausée (règles irrégulières ou absence de règles) ou des douleurs articulaires. Le médecin prescripteur explique à chaque femme les effets secondaires possibles en fonction de son traitement. La plupart de ces effets sont réversibles à l'arrêt du traitement.

→ En cas de cancer de la prostate, les effets indésirables peuvent notamment être des bouffées de chaleur, des troubles de l'érection, une baisse de la libido, une prise de poids, une diminution de la masse osseuse et de l'irritabilité.

L'hormonothérapie et la radiothérapie sont-elles compatibles ?

Oui, il est possible, selon le cancer et son stade, de coupler ces deux traitements. Lorsqu'une radiothérapie fait partie de la stratégie thérapeutique l'hormonothérapie vient habituellement après la radiothérapie pour le cancer du sein et pour le cancer de la prostate. 

Quelle est l'efficacité de l'hormonothérapie sur l'espérance de vie ?

"Les traitements par hormonothérapie sont pluriels dans leurs mécanismes d'action et prescrits à des patientes dont les situations cliniques sont différentes (stade de la maladie au diagnostic, stratégie thérapeutique et autres traitements prescrits avant l'hormonothérapie, statut ménopausique… ). C'est pourquoi il n'est pas possible de déterminer une valeur unique en termes de gain de survie qui pourrait être attribuée globalement à ces traitements et pour toutes les situations pour lesquelles ils ont une indication", assure Marianne Duperray.

Merci à Marianne Duperray, directrice des recommandations et du médicament auprès de l'Institut national du cancer. Propos recueillis en 2021.